jeudi 27 décembre 2007

PAUL BIYA AVAIT DEJA ANNONCE LE VERDICT EN DIRECT SUR FRANCE 24 !!!!!



Le 26 octobre dernier, accordant une interview à une chaîne française, la première après 20 ans de mutisme, le président camerounais, Paul Biya, laissait entrevoir sa manière toute particulière de présider son pays. L'homme, qui est surnommé le sphinx, en raison de son effacement total depuis son accès à la magistrature suprême, a surtout donné raison à tous ceux qui ont toujours dit qu'il est un président "malgré lui", c'est à dire pas fait pour être un chef d'Etat.

D'abord, il s'est fait très élogieux à l'égard de son homologue français, Nicolas Sarkozy: " Mes premiers mots seront de remercier le Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy, pour l’invitation qu’il m’a adressée à visiter Paris et à visiter la France. (…) Je dois dire que le premier contact que j’ai eu avec lui était chaleureux, cordial, profond. C’est un politicien chevronné donc il connaît les problèmes, il connaît l’Afrique et je suis tout à fait heureux de noter cette continuité dans la relation entre la France et le Cameroun. " Manifestement, Paul Biya n'a entendu parler ni de la politique raciste de Nicolas Sarkozy ( "immigration choisie", tests ADN, restrictions de visas, stigmatisation outrancière des Noirs), ni de son discours de Dakar, 26 juillet 2007, lequel continue d'écoeurer tous ceux qui s'en souviennent.

Ensuite, répondant à la question du journaliste Ulysse Gosset, qui lui demandait ce qu'il attendait en particulier de la France et de Nicolas Sarkozy, il s'est comporté comme un valet servile, un VRP de la soumission de son pays à l'ancienne métropole: " Ce que nous attendons de la France c’est qu’elle continue à accorder sa coopération et son amitié à l’Afrique. Nous avons des liens anciens, des liens culturels, au moment où nous assistons à l’impérialisme linguistique de certaines langues, il n’est pas inutile de préserver un espace où l’on parle français....." Pire, oubliant même que le Cameroun est un pays bilingue, il s'est permis de formuler une critique à peine voilée du développement de la pratique de la langue anglaise alors que la francophonie est à la peine. Un chef de l'Etat qui s'emporte et oublie une partie très importante de la population camerounaise, on ne pouvait pas l'imaginer, mais Biya l'a fait devant une chaîne d'information diffusant à travers le monde entier. Après ça, on s'étonne qu'il y ait toujours des velléités de sécession dans la partie anglophone du Cameroun.

Enfin, et c'est le plus important des enseignement à tirer de l'interview du président Paul Biya, c'est qu'il a passé son temps à donner des gages à ceux qui le soutiennent encore au pouvoir aujourd'hui, malgré son échec patent à diriger son pays après 25 ans de présidence. Il a dévoilé son implication dans l'opération dite "anti-corruption", allant même jusqu'à donner des informations strictement confidentielles au journaliste qui lui parlait de la corruption au Cameroun. Par exemple, Paul Biya a fait état de l'avancée des enquêtes liées à l'affaire du PAD, affirmant fièrement : " Nous avons un certain nombre de structures permanentes qui ont pour finalité de chercher à éradiquer la corruption et tout un service de bonne gouvernance. Nous pensons arriver à de bons résultats. Tenez, je peux donner quelques résultats : les recettes du port de Douala, qui atteignaient un certain niveau mais qui, dès qu’on a commencé à appliquer la lutte contre la corruption, ces recettes ont augmenté de 30 ou 40 %, donc c’est intéressant." Bigre !
Faut-il lui rappeler que dans un Etat démocratique, il existe ce que l'on appelle la "séparation des pouvoirs" ? Comment croire en l'impartialité des condamnations dans le verdict rendu le 13 décembre dernier ? Peut-on encore parler d'une justice équitable quand le premier magistrat d'un pays annonce depuis l'étranger les condamnations à venir ? Sans aucun doute, cette collusion d'intérêts entre Paul Biya et la justice camerounaise est à la base de ce que l'on nomme désormais l'Affaire Edouard Etonde Ekoto, qui se retrouve en prison sur des chefs d'accusation qui ne tiennent plus la route, comme l'ont si bien démontré ses avocats pendant toute la durée de son procès, soit 1 an et demi. Et pourtant, rien n'a pu contrer la machine infernale de l'injustice.
A la lumière de l'interview accordée par Paul Biya à France 24, on comprend que les raisons profondes de la déchéance de l'ancien délégué du gouvernement, Edouard Etonde Ekoto, sont connues en haut lieu. De fait, il apparaît évident que derrière l'affaire du PAD, il y a surtout eu un procès politique visant principalement l'ancien Homme fort de Douala. Cela ne fait que conforter l'idée d'une parodie de justice rendue au nom du prince. Connaîtrons nous la vérité bientôt ? Il faut l'espérer rapidement.

L3E


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